Le Coran et
les Musulmans : le syndrome des sources.
Par Jacques Halbronn
Que faut-il penser de ces Musulmans qui se contentent d’affirmer que le
Coran ne dit pas ceci ou cela pour se démarquer de certaines manifestations
associées à l’Islam contemporain. On peut dire que le Coran a bon dos, lui qui
date de plus de mille ans. C’est tout le problème de l’instrumentalisation des sources.
Réduire une communauté à ses Ecritures Saintes reléve de la mascarade et c’est
faire fi de toute la dimension historique. Comme si rien ne s’était passé au
regard de l’Islam depuis le VIIe siècle de notre ère.
Si l’on veut se faire l’avocat de l’Islam, il va falloir aller chercher
un peu plus loin. Cela fait penser ces truands issus de « bonnes
familles », ce qui suffirait à les dédouaner. A la limite, peu nous
importe de savoir ce qui est écrit ou non dans le Coran ou dans la Bible ou dans
la Déclaration des Droits de l’Homme, la Constitution des Etats Unis ou dans le
Manifeste du Parti Communiste. A ce titre là, un Staline n’est pas coupable au
regard de la vulgate marxiste-léniniste...
En réalité, une telle argumentation est le fait de sociétés incultes
qui ignorent à peu près tout de leur propre Histoire, hormis le Coran, dans le
cas des Musulmans. Tout cela est bien réducteur. S’il est réducteur d’assimiler
tous les Musulmans à certains comportements terroristes, il est tout aussi
réducteur d’assimiler les Musulmans au Coran, faisant ainsi le grand écart
entre des périodes distantes de tant de siècles..
Il serait plus intéressant de comprendre comment l’Islam en est arrivé
là que d’être dans la dénégation des faits. Et même une telle argumentation –
« le Coran n’a jamais dit ça » n’est pas innocente, elle reléve de
la « mauvaise foi », elle révèle un certain mépris pour
l’intelligence de ses interlocuteurs..
Une source n’est en fait qu’un point de départ dont on peut
considérablement s’éloigner comme un artiste par rapport à son modèle.
On ne peut certes exclure qu’un peuple ne soit marqué de façon en
quelque sorte indélébile par une programmation fort ancienne mais il arrive
aussi que cette programmation reste superficielle et précaire et dans ce cas la
population concernée est à la dérive et peut basculer d’une génération à
l’autre. Ce que l’on essaie de nous dire,, c’est que le Coran serait le
« programme » selon lequel tout musulman est déterminé. Mais l’Islam
est une religion à moins d’assimiler Arabes et Musulmans. On peut aussi se
demander si des programmations plus anciennes que le Coran ne sont pas à
l’œuvre chez certaines populations se référant à l’Islam. Nous dirons que
l’argument Coran peut fort bien être un leurre. L’ADN des Musulmans est-il
vraiment le Coran ? That is the question ! On a l’impression que l’on
met le Coran en avant pour nous empêcher d’aller y voir de plus près. C’est
tellement simple, il n’y a plus qu’à lire le mode d’emploi. Il serait plus
facile de définir les Musulmans en tant que communauté que les Français car les
Musulmans, eux, se reconnaissent dans un « livre ». On bascule dans
une sorte d’argumentation à caractère technologique ! Où est le
logiciel ?
L’historien sait fort bien qu’il faut rester très prudent à l’égard des
sources. Il n’est guère possible de réduire un processus à son point de départ
si tant est que cela le soit vu qu’il y a toujours un avant, une préhistoire.
En tant qu’historien de l’astrologie, nous avons signalé que l’on ne pouvait se
contenter de dire que l’astrologie est issue de l’astronomie pas plus qu’une
sculpture n’est pas simplement le bloc de marbre dont elle est issue. De même,
la psychanalyse ne se limite-t-elle pas à son « fondateur » Sigmund
Freud. Ce serait là une approche bien simpliste. Mais il est vrai que dès lors
que l’on renonce à emprunter une telle voie réductionniste, on entre dans un
terrain qui dépasse les compétences du plus grand nombre car il faut collecter
les données, les traiter et c’est une toute autre paire de manches que de se
concentrer sur un seul document, aussi foisonnant soit-il. Le télescopage de
l’Islam par la référence au seul Coran est donc très problématique. Cela sert
à faire écran et à dissuader de mener des recherches socio-historiques qui
seraient plus en phase avec les événements actuels.
JHB
10. 10. 12